3ème
Thème 3
«Françaises et Français dans une République repensée» 1944-1947, refonder la République, redéfinir la démocratie.
La Ve République, de la République gaullienne à l’alternance et à la cohabitation.
I) La Ve République (depuis 1958)
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A partir de 1956, les gouvernements de la IVème République se succèdent sans parvenir à mettre fin à la guerre d’Algérie. Le 13 mai 1958, les français d’Algérie, qui craignent que le gouvernement négocie l’indépendance, se soulèvent. Un comité de salut public est formé et demande le retour du général de Gaulle. Il est investi par les députés le 1er juin 1958 avec les pleins pouvoirs pour résoudre la crise algérienne et rédiger une nouvelle constitution, qui sera adoptée par référendum en septembre 1958 et donne naissance à la Vème République. Le régime semi-présidentiel de la Vème République perdure après son départ, malgré les alternances politiques à partir de 1981.
13 mai 1958 à Alger (Algérie)
Conférence de presse au palais d’Orsay, 19 mai 1958
Ce qui se passe en ce moment en Algérie par rapport à la Métropole et dans la Métropole par rapport à l’Algérie peut conduire à une crise nationale extrêmement grave. Mais aussi, ce peut être le début d’une sorte de résurrection. Voilà pourquoi le moment m’a semblé venu où il pourrait m’être possible d’être utile encore une fois directement à la France. […]. Utile, comment ? Eh bien ! si le peuple le veut, comme dans la précédente grande crise nationale, à la tête du gouvernement de la République française.
Comment évolue la vie politique sous la Vème République ?
1) De Gaulle, fondateur de la Vème République (1958-1981)
Quels sont les changements politiques apportés par de Gaulle ?
De Gaulle est élu président de la République en décembre 1958. La constitution lui donne des pouvoirs étendus, renforcés avec l’élection du Président de la république au suffrage universel direct à partir de 1962.
Les nouveaux pouvoirs du président :
- Il veille au respect de la constitution et il est le garant de l’indépendance nationale et du respect des traités (art. 5) ;
- Il est le chef des armées (art. 15) ;
- Il nomme le 1er ministre et met fin à ses fonctions (art 8) ;
- Il préside le conseil des ministres (art 9) ;
- Il peut dissoudre l’Assemblée Nationale (art. 12) ;
- Il peut, en cas de crise grave, obtenir les pleins pouvoirs (art. 16).
En 1965, il est réélu au suffrage universel direct, ce qui renforce encore son autorité. Cela permet aux gouvernements successifs d’inscrire leur action dans la durée, de mener des politiques publiques ambitieuses, et d’affirmer la place de la France sur la scène internationale.
De Gaulle cherche en premier lieu à mettre fin à la guerre d’Algérie, à laquelle il accordera l’indépendance en 1962 par la signature des accords d’Évian suite à un référendum.
- De Gaulle mène une politique extérieure indépendante de celle des USA :
- La France se dote aussi de l’arme nucléaire en 1960 ;
Histoire des essais nucléaires français
- La France reconnaît la Chine communiste en 1964 et condamne la guerre du Vietnam en 1966 ;
- La France quitte aussi l’OTAN en 1966.
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Nous avons choisi l’indépendance. Il s’agit que, sans renier notre amitié américaine, nous nous comportions en Européens que nous sommes. Chaque nation doit être responsable d’elle-même. De là, notre réprobation devant la guerre qui s’étend en Asie de jour en jour (…), le concours que nous apportons au développement de bon nombre d’Etats africains, les rapports que nous nouons avec la Chine (…). Bref, il y a maintenant une politique de la France, et elle se fait à Paris. Au point de vue de la sécurité, notre indépendance exige, à l’ère atomique où nous sommes, que nous ayons les moyens voulus par dissuader, nous-mêmes, un éventuel agresseur « .
Charles de Gaulle, discours radiotélévisé du 27 avril 1965.
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En mai 1968, de Gaulle doit faire face à une vaste mouvement de contestation : il s’agit d’une révolte étudiante relayée à partir du 13 mai par des grèves qui s’étendent à tous le pays.
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Daniel Cohn-Bendit, déclaration du 5 mai 1968
« Nous allons nous expliquer directement dans la rue »« Nous disons que l’État est partie prenante de l’antagonisme de classe, que l’État représente une classe. La bourgeoisie cherche à préserver une partie des étudiants, futurs cadres de la société. Le pouvoir possède la radio et la télévision, et un parlement à sa main. Nous allons nous expliquer directement dans la rue, nous allons pratiquer une politique de démocratie directe. »
Institut des Archives Sonores
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Discours du 30 mai 1968
«Françaises, Français.
Étant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine, j’ai envisagé, depuis vingt quatre heures, toutes les éventualités, sans exception, qui me permettraient de la maintenir. J’ai pris mes résolutions.
Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du peuple, je le remplirai.
Je ne changerai pas le Premier ministre, dont la valeur, la solidité, la capacité, méritent l’hommage de tous.
Il me proposera les changements qui lui paraîtront utiles dans la composition du gouvernement.
Je dissous aujourd’hui l’Assemblée nationale.
J’ai proposé au pays un référendum qui donnait aux citoyens l’occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et de notre Université et, en même temps, de dire s’ils me gardaient leur confiance, ou non, par la seule voie acceptable, celle de la démocratie. Je constate que la situation actuelle empêche matériellement qu’il y soit procédé. C’est pourquoi j’en diffère la date. Quant aux élections législatives elles auront lieu dans les délais prévus par la Constitution, à moins qu’on entende bâillonner le peuple français tout entier, en l’empêchant de s’exprimer en même temps qu’on l’empêche de vivre, par les mêmes moyens qu’on empêche les étudiants d’étudier, les enseignants d’enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens, ce sont l’intimidation, l’intoxication et la tyrannie exercées par des groupes organisés de longue main en conséquence et par un parti qui est une entreprise totalitaire, même s’il a déjà des rivaux à cet égard.
Si donc cette situation de force se maintient, je devrais pour maintenir la République prendre, conformément à la Constitution, d’autres voies que le scrutin immédiat du pays. En tout cas, partout et tout de suite, il faut que s’organise l’action civique. Cela doit se faire pour aider le gouvernement d’abord, puis localement les préfets, devenus ou redevenus commissaires de la République, dans leur tâche qui consiste à assurer autant que possible l’existence de la population et à empêcher la subversion à tout moment et en tous lieux.
La France, en effet, est menacée de dictature. On veut la contraindre à se résigner à un pouvoir qui s’imposerait dans le désespoir national, lequel pouvoir serait alors évidemment et essentiellement celui du vainqueur, c’est-à-dire celui du communisme totalitaire. Naturellement, on le colorerait, pour commencer, d’une apparence trompeuse en utilisant l’ambition et la haine de politiciens au rancart. Après quoi, ces personnages ne pèseraient pas plus que leur poids qui ne serait pas lourd.
Eh bien ! Non ! La République n’abdiquera pas. Le peuple se ressaisira. Le progrès, l’indépendance et la paix l’emporteront avec la liberté.
Vive la République !
Vive la France !»
A la suite du discours du 30 mai du général de Gaulle et une grande manifestation en sa faveur sur les Champs-Élysées, le mouvement s’essouffle peu à peu et le 30 juin le parti gaulliste remporte les élections législatives à une large majorité.
Cependant de Gaulle et son 1er ministre, Pompidou sont contestés et affaiblis par la crise de mai 1968. Il démissionne en avril 1969, après l’échec d’un référendum sur la régionalisation.
2) Alternances et cohabitations (depuis 1981)
Comment évolue la vie politique après le départ du général de Gaulle ?
La vision gaullienne de la République se poursuit avec Georges Pompidou (1969-1974) et Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) qui sont issus des rangs de la droite.
L’action du général de Gaulle est poursuivie en affirmant un État interventionniste, en aménageant le territoire et en répondant aux attentes de la société française : SMIC, droit à l’avortement, réforme des universités, droit de vote à 18 ans …). Mais la France entre dans la crise économique et le président n’arrive pas à enrayer le chômage.
Les réformes de la société de 1969 à 1981
1970 : l’autorité parentale conjointe remplace la toute puissance paternelle.1
1972 : première loi sur l’égalité de salaire entre les hommes et les femmes ; ouverture aux femmes des concours d’entrée aux grandes écoles.
1974 : loi sur la majorité civile et droit de vote à 18 ans ; remboursement de la contraception par la sécurité sociale.
1975 : Loi Veil autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ; instauration du divorce par consentement mutuel (plus seulement pour faute) ; Loi Haby créant le collège unique (enseignement commun jusqu’en 3ème.
Le 10 mai 1981, le socialiste François Mitterrand est élu président et, peu après, les socialistes remportent la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, c’est l’alternance. En pleine guerre froide, l’arrivée de ministres communistes au gouvernement divise l’opinion publique. Après avoir poursuivi les mesures sociales (retraite à 60 ans, 5ème semaine de congés payés, semaine de 39h, abolition de la peine de mort, autorisation des « radios libres », augmentation du SMIC …), le gouvernement socialiste entame, à partir de 1984, une politique de rigueur qui consiste à augmenter les impôts et diminuer les prestations sociales et les dépenses publiques.
Les mesures du gouvernement Mauroy (1981-1983)
Réformes économiques
Nationalisation (5 groupes industriels et 39 banques
Réformes sociales
Forte augmentation du SMIC ;
Semaine de travail de 39h ;
5ème semaine de congés payés ;
Droits des salariés renforcés dans l’entreprise ;
Retraite à 60 ans ;
Création de l’impôt sur les grandes fortunes ;
Réformes administratives et judiciaires
Loi sur la décentralisation (davantage de pouvoirs aux régions)
Abolition de la peine de mort
Réformes culturelles
Autorisation des radios libres ; Création de la fête de la musique
Mais en 1986, la droite gagne les élections législatives et Mitterrand fait alors appel à un 1er ministre de droite, Jacques Chirac, c’est la 1ère cohabitation. Après le 2nd septennat de Mitterrand (1988-1995), J. Chirac remporte les élections présidentielles en 1995. Mais la victoire de la gauche aux législatives de 1997 l’oblige à nommer un 1er ministre socialiste, Lionel Jospin.
Les principales réformes du gouvernement Jospin (1997-2002)
Réduction du temps de travail à 35h ;
Création de la CMU (couverture maladie universelle) qui permet à tous de bénéficier de soins médicaux ;
Pacte civil de solidarité (PACS) qui permet aux couples de rendre leur union officielle sans se marier ;
Allocation pour les personnes dépendantes (APA) qui permet aux personnes qui ne sont plus autonomes d’être aidées ;
Mandat présidentiel réduit à 5 ans (quinquennat) ;
Loi sur la parité homme/femme lors des élections.
Les périodes de cohabitation entre 1986 et 2002 limitent les pouvoirs du président. La politique intérieure revient au 1er ministre tandis que le président ne s’occupe plus que de politique extérieure avec le 1er ministre. Pour les éviter, le mandat présidentiel est ramené à 5 ans en 2002 (quinquennat) et les élections présidentielles et législatives ont lieu la même année.
Jacques Chirac définit son domaine d’actions
« Jacques Chirac, qui ne se voyait pas tirer les leçons d’une défaite qui est d’abord la sienne, a tenu à attendre, jeudi, pour définir ses pouvoirs. Devant le Conseil des ministres, le chef de l’Etat a exprimé sa conviction que cette troisième cohabitation se déroulerait «dans la dignité, le respect mutuel et un souci constant des intérêts de la France. Samedi, à Lille, il s’est fait plus précis. Et il a énuméré les devoirs de sa charge en insistant sur son intention de «lutter pied à pied, partout dans le monde, pour que la France tienne son rang, assure sa sécurité, affirme son influence et accroisse ses parts de marché», «préserver les acquis européens», «avancer, malgré les obstacles, vers une Europe unie, forte et juste»
http://www.liberation.fr/evenement/1997/06/09/condamne-a-cohabiter-avec-lionel-jospin-jacques-chirac-voit-philippe-seguin-s-imposer-a-la-tete-de-s_207591
En 2002, la droite reprend le pouvoir avec J . Chirac qui est réélu, Nicolas Sarkozy lui succède en 2007 et la gauche reprend le pouvoir avec l’élection de François Hollande à la présidentielle.
3) Les recompositions politiques
Comment ont évolué les partis politiques français ?
A partir des années 80, le parti socialiste s’impose comme le seul grand parti de gauche. Le PCF connaît un déclin, en particulier après l’effondrement du bloc soviétique en 1989. A droite, les points de vue gaulliste ou non-gaulliste sur la construction européenne ou le rôle de l’État se rejoignent : ils fusionnent et forment l’UMP en 2002 qui deviendra le Parti Républicain en 2015.
A partir de 1984, le Front National, parti d’extrême droite, s’installe dans le paysage politique. En 2002, J.M. Le Pen arrive au 2nd tour des présidentielles.
http://archive.francesoir.fr/actualite/politique/presidentielle-en-2002-l-union-sacree-pour-chirac-213001.html
A gauche, le parti écologiste, les verts, bénéficie de l’intérêt croissant des français pour les questions d’environnement.
http://www.hist-geo.com/france/5eme-republique/schema.php
Alternance politique : passage au pouvoir d’une majorité politique à une autre.
Cohabitation : présence à la tête de l’État d’un président et d’un gouvernement (1er ministre et ministres) de tendances politiques opposées.
Dissolution : acte du président qui met fin au mandat de l’Assemblée nationale et provoque de nouvelles élections législatives.
Élections législatives : élection des députés à l’Assemblée nationale.
Parlement : l’Assemblée national et le Sénat, qui détiennent le pouvoir législatif.
Référendum : vote par lequel les citoyens répondent par oui ou par non à une question.
Institutions : organismes de fonctionnement de l’État (parlement, présidence de la République …)
Quinquennat : mandat du président de la République exercé pour 5 ans ; il remplace le septennat (7 ans).
SMIC : niveau minimum du salaire horaire fixé par l’État.
Rigueur : politique économique de réduction des dépenses de l’État.
Parti socialiste : parti de gauche qui a succédé à la SFIO en 1971.
UMP (Union pour un mouvement populaire) : parti de droite fondé en 2002 et regroupant l’ancien parti gaulliste et une partie de la droite non-gaulliste (depuis appelé le Parti Républicain).
Front national : parti politique d’extrême droite fondé en 1972 par J.M. Le Pen.
Les Verts : parti politique écologique fondé en 1984.