Seconde partie de mon analyse des nouveaux manuels, cette fois-ci consacrée au programme de 3ème.

Que le lecteur me prie de pardonner la brièveté de la comparaison mais je n’ai reçu à ce jour que trois éditions différentes : Magnard, Le Livre scolaire et Hachette. Ces manuels présentent tous une documentation variée et des leçons plus volumineuses –mais c’est logique-, que dans leurs équivalents de 5ème. Aucun cependant ne me satisfait entièrement.
De manière générale, ces livres évacuent trop l’indispensable préparation à la Seconde Générale et Technologique. Certes, il y a un programme, un socle et un examen à prendre en compte. Certes, nos cours de collège n’ont pas vocation à anticiper abusivement ce qui se passe ensuite. Mais de là à borner aussi étroitement l’horizon de la Troisième, il y a un pas que je ne saurais franchir. Fini par exemple le temps des exercices cartographiques complexes. Sans doute les professeurs-auteurs, qui s’étaient beaucoup investis précédemment, ont-ils été découragés par la grande timidité des exigences des dernières sessions du Brevet. C’est bien dommage pour les générations de demain, même s’il reste la photocopieuse.
Passons aux cas particuliers.

Magnard : Les cours sont assez brefs et peuvent manquer de densité. Les documents associés sont relativement peu nombreux et ne sont pas suivis de questions. Les dossiers ne sont pas organisés en sous-thèmes. Je n’ai vu ni exercices B2i, ni parcours de compétences clair. C’est visiblement un parti pris de l’éditeur car c’était la même chose en 5ème. Par contre, les exercices associés à l’EMC révèlent de bonnes surprises. Par exemple, un exercice invite à comparer la cérémonie de naturalisation française avec le serment d’allégeance que doit prononcer tout nouveau citoyen américain. Les « dilemmes moraux », qui ont fait couler beaucoup d’encre, ne sont pas esquivés. Non pas que je sois impatiente de les mettre en œuvre mais je préfère que ce soit au professeur de choisir ses pratiques, plutôt qu’à une maison d’édition de les anticiper. Chaque chapitre débute par une photographie clairement expliquée. Il y a également des vidéos de cinq minutes pour lesquelles on peut télécharger des fiches d’exploitation. Le livre paraît visuellement moins fourni que les autres mais son usage permettra certainement de boucler le programme.

Le Livre scolaire : Le manuel débute par un recueil aussi fourni qu’intéressant de fiches méthodologiques. Un atout certain pour les élèves, qui pose une fois de plus la question des retours trop anticipés des manuels: à quoi bon des conseils à lire à la veille de l’examen si le livre qui les contient, est déjà entreposé au chaud dans la réserve du CDI ? Les dossiers sont scindés en deux catégories : ceux dont le questionnement est global au dossier et ceux dont le questionnement est tronçonné par document. Par ailleurs, il y a des double-pages « lecture » qui guident l’élève et explicitent les compétences à acquérir. Les leçons sont pensées de manière cohérente et dynamique. Pour moi, le point fort de ce manuel réside dans son constant souci de la pédagogie. Dans le volet des points faibles, j’ai regretté l’absence d’organisation apparente des dossiers et la place nettement plus réduite de la Géographie. Les études de cas sont assez réduites. En EMC, pas de cours mais une succession de dossiers- exercices pratiques. Bref, ce manuel est très bien pour l’Histoire mais ne me convainc qu’à moitié pour la Géographie et l’EMC.

Hachette : Le livre s’ouvre sur un recueil de sujets DNB dans les trois disciplines, bien pratique pour nos évaluations. Chaque chapitre s’ouvre sur deux documents iconographiques dont un est très clairement expliqué : c’est un plus. Les cartes et frises d’introduction en Histoire, ainsi que les études de cas en Géographie, sont bien faites. Les cours sont bien reliés au programme ; quant aux documents, ils sont variés et assez percutants dans les deux disciplines. Par contre, les exercices, les activités pour l’accompagnement personnalisé et les dossiers histoires des arts sont assez courts. Le fléchage des compétences est assez sibyllin. Le plus gros reproche que je puisse formuler concerne la question-bilan en fin des dossiers où l’élève doit s’improviser tour à tour, journaliste radio, conseiller technique pour le cinéma, député français, communicant de la mairie de Strasbourg, chef d’entreprise étranger installé à Lyon, etc. Certes, cette originalité permet d’évaluer les compétences des élèves sous des angles inattendus mais, à force d’inviter systématiquement l’élève à la posture, je crains qu’on ne banalise …l’imposture. Par ailleurs, la candeur mémorielle de certains sujets surprend. Je ne citerai qu’un seul exemple : « Votre commune est jumelée avec Alger et le service culturel vous demande de raconter à un jeune public l’histoire de la ville dans la guerre entre 1954 et 1962 ». Enfin, il n’y a pas de partie consacrée à l’EMC dans ce livre mais quelques dossiers « Parcours citoyen » en compléments au chapitre.