Parmi les commémorations nationales en 2025, figure celle du 21 août en hommage à la naissance de Jean-Baptiste Greuze, survenue en 1725 à Tournus il y a 300 ans. Le peintre est aujourd’hui assez largement oublié et c’est à peine si l’on arrive à associer quelques uns de ses chefs d’oeuvre à son nom, comme ici L’Oiseau mort, exécuté en 1800. Espérons que cet anniversaire permette de remettre en lumière l’artiste : le Petit Palais lui consacre une exposition à partir de septembre à Paris. L’Hôtel-Dieu de Tournus a rassemblé également des œuvres mais le temps presse, l’exposition, commencée en juin, se termine fin septembre.
L’association propose d’exploiter une de ses toiles en classe de Quatrième autour du thème « L’Europe des Lumières : circulation des idées, despotisme éclairé et contestation de l’absolutisme » (dans le Thème 1 Le XVIIIe siècle. Expansions, Lumières et révolutions).
L’artiste et son oeuvre en bref
Né à Tournus donc, Jean-Baptiste Greuze fait son apprentissage dans l’atelier du peintre Grandon à Lyon puis à l’Académie de peinture de Paris où il est finalement reçu en 1769 avec sa toile Les Reproches de Sévère et son fils Caracalla. Certes, l’Académie est une consécration mais pour lui, c’est un échec car il est reçu comme peintre de genre et non peintre d’histoire, la reconnaissance qu’il attendait.
À décharge de l’Académie, la notoriété de Greuze s’appuie alors sur des scènes de genre, sur quantité de toiles moralisatrices dépeignant la vie familiale, à la campagne. La première à avoir attiré l’attention du public au Salon fut Un père qui lit la Bible à ses enfants en 1755. L’Accordée de village, exposée également au Salon de 1761, lui vaut la gloire. Suivent Le Paralytique servi par ses enfants, Le Mauvais fils puni (1765), etc. Greuze se distingue par sa restitution scrupuleuse des costumes, des gestes, de l’expression, dans un naturel à peine alourdi par son sens de la mise en scène : le réel est toujours au service de la morale, de l’autorité paternelle, de la bienfaisance. On retrouve davantage de traces de la peinture hollandaise que des grands maîtres italiens qu’il a pourtant découverts dans un long voyage de deux ans en Italie. Diderot, satisfait d’admirer des œuvres rendant « la vertu charmante et le vice odieux », couvre le peintre d’éloges. La mode des pastorales et des scènes galantes est définitivement reléguée au passé avec ces tableaux qui prolongent la veine d’un Jean-Siméon Chardin, l’austérité en moins.
On reconnaît aussi à Greuze un immense talent dans la représentation de l’enfance. C’est d’ailleurs le fil conducteur de la prochaine exposition du Petit Palais. En soi, le sujet est déjà la preuve d’une mutation culturelle au XVIIIème siècle. Greuze a laissé quantité de petits portraits d’enfants où l’artiste a su saisir avec subtilité un entre-deux âges, entre l’âge tendre et l’adolescence. Cela peut aller jusqu’à l’équivoque dans les représentations féminines. A propos de la Cruche cassée, Théophile Gautier a pu dire : « la tête a encore la candeur de l’enfance, mais le fichu est dérangé ». Greuze est le peintre d’une innocence perdue.
Un dernier ensemble d’œuvres relève de portraits de personnalités, tous riches de vérité humaine et de sincérité picturale. Signalons par exemple ceux de Pigalle en 1757 ou du Dauphin en 1761.
Dans tout cela, la peinture d’histoire fait figure de parent pauvre mais le peintre est très affecté par son revers à l’Académie en 1769. Il s’exile quelque temps en Anjou puis à son retour à Paris, il boude le Salon et ouvre son propre atelier au public. L’avènement de David en 1785 et d’Ingres pour les portraits au début du XIXème siècle le relègue définitivement dans l’ombre. Il meurt dans la misère, quasiment oublié, à Paris en 1805.
Nature : analyse de tableau
Durée : trente minutes Matériel : uniquement les tableaux (pas d’appui extérieur), fiche fournie Compétences travaillées : analyse critique d’un document, Évaluation : possible |
Vous souhaitez lire la suite ?
Actifs dans le débat public sur l'enseignement de nos disciplines et de nos pratiques pédagogiques, nous cherchons à proposer des services multiples, à commencer par une maintenance professionnelle de nos sites. Votre cotisation est là pour nous permettre de fonctionner et nous vous en remercions.